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lundi 28 novembre 2011

Diversifions les régions et les classes d’actifs

Didier Saint-Georges, membre du comité d’investissement de Carmignac Gestion, explique le mécanisme qui permet aux fonds de sa société de limiter les baisses lors d’une année aussi mauvaise que 2011. La société a lancé un nouveau fonds «émergent» en avril.

Le Temps: Pourquoi les actions des pays émergents sont-elles si décevantes en 2011?

Didier Saint-Georges : Effectivement leur performance boursière a été décevante avec un recul de 15%, ce qui est tout de même meilleur que l’Euro Stoxx. Mais les pays émergents ne connaissent pas du tout une crise aussi grave que l’Europe.

Jusqu’à récemment les pays émergents étaient confrontés à un problème spécifique, une poussée d’inflation. Ce n’est que depuis deux mois que l’inflation a commencé à baisser. Les effets positifs de cette nouvelle tendance se liront dans les cours ces prochains trimestres.

La deuxième raison de la baisse est très différente. Dans les pays industrialisés, les marchés émergents sont encore perçus par les investisseurs comme des actifs dans lesquels on investit seulement lorsque l’on a un fort appétit pour le risque. Dans le cas actuel, cela incite à rapatrier ses fonds pour acheter des actifs européens ou américains. L’année a été très mouvementée en Europe et aux Etats-Unis, si bien que les marchés émergents souffrent de sorties de capitaux. C’est un grand classique. Notre métier consiste à regarder au-delà de ce phénomène et à tirer profit des opportunités créées par ces effets secondaires.

– Pour préserver son capital, est-il préférable d’investir sur les ex-placements sans risque, les obligations souveraines AAA, ou les titres des pays émergents?

– En tant qu’investisseur européen, les actifs sans risque sont de plus en plus rares. Si nos ambitions dépassent la conservation de notre argent sous notre matelas, nous proposons un portefeuille contenant des actifs permettant de couvrir les principaux risques.

– Quels sont ces risques?

– Le risque principal est une détérioration de la dette souveraine des pays périphériques européens. Un second est celui d’une récession en Europe en 2012. Un troisième risque est l’exposition au secteur bancaire, lequel est soumis aux risques conjoncturels et au crédit en Europe. Un quatrième risque doit être intégré, celui de la baisse de la monnaie.

L’épargnant européen doit couvrir ces 4 risques. Le premier risque est couvert en investissant dans d’autres actifs que la dette souveraine. La gestion globale de Carmignac ne détient aucune dette souveraine européenne en dehors de la dette allemande. De même, elle ne détient aucune action de banque européenne. Ensuite, pour se couvrir contre le risque de ralentissement économique en Europe, notre choix s’est porté sur les actions de sociétés les moins exposées au risque européen et le plus exposées aux régions de croissance, dans les pays émergents, ou des actions d’entreprises de ces pays-là, en Asie ou en Amérique latine. Cela permet une très forte diversification.

– Comment se couvrir contre le risque de l’euro?

– Avec un portefeuille diversifié géographiquement, automatiquement vous vous retrouvez avec des placements dans d’autres monnaies que l’euro. A l’horizon d’un an, l’investisseur sera protégé vis-à-vis des risques de la zone euro et il pourra espérer une performance positive si ses actifs internationaux se comportent bien et, qu’en plus, les monnaies dans lesquelles ils sont libellés (yens, dollars) s’apprécient.

– Même les titres européens plus dépendants des pays émergents, comme le luxe, ont été fortement sous pression cet été. Quand faut-il procéder à des achats de titres prometteurs?

– La corrélation au sein des actions européennes est si forte qu’il n’y a pas de défense parfaite aux fortes baisses à court terme. Mais il est clair que les exportateurs appuyés sur des marques fortes sont aujourd’hui très attrayantes pour le moyen terme. Dans l’immédiat, il est utile de couvrir les risques de marché par la vente de contrats à terme sur indice et la réduction du taux d’exposition. Aujourd’hui, chez nous, cette dernière est très faible. Mais nous ne souhaitons pas nous contenter de cela. Il faut garder une construction de portefeuille qui saura générer de la performance quand le moment sera venu de lever les couvertures.

– Quels sont les fonds les plus demandés en ce moment?

– Ce sont ceux qui correspondent le mieux à ce positionnement. Il est évident que les fonds spécialisés comme les matières premières ne sont pas les plus recherchés. Mais un fonds diversifié comme Carmignac Patrimoine a présenté une performance positive en août. Il était très protégé contre la baisse du marché. Ce type de fonds reste très demandé. D’ailleurs, en 2008, il n’avait pas perdu d’argent et il a très bien su participer à la hausse en 2009.

– Comment se comporte votre fonds émergent?

– Nos fonds émergents surperforment largement leurs indices de référence, même s’ils n’ont pu éviter entièrement, en tant que fonds actions, la baisse des marchés depuis le début de l’année. Ils recèlent clairement un fort potentiel à moyen terme. Afin d’offrir aux clients un accès au potentiel des pays émergents tout en en maîtrisant davantage la volatilité, nous avons créé un fonds, en avril, qui fonctionne sur le même modèle que Carmignac Patrimoine mais sur l’univers émergent: Carmignac Emerging Patrimoine. Il est diversifié en actions, obligations et devises. Et il peut utiliser les Futures sur indices pour faire varier son degré d’exposition. Le comportement des marchés des derniers mois nous a permis de vérifier sa capacité à résister aux phases de fortes tensions. Il a très peu baissé. Dès que les choses iront mieux, il générera de la performance positive.

– N’est-il pas préférable d’acheter un fonds spécifique aux seuls pays disposant de bonnes perspectives plutôt qu’un généraliste?

– Il me semble plus avisé d’investir dans un fonds diversifié. Les émergents ne forment pas une zone homogène. Même entre deux pays d’Asie, les écarts sont significatifs. La sélection d’un pays supprime les avantages de la diversification entre des pays peu corrélés. J’irais plus loin: le type Emerging Patrimoine ajoute une diversification par classe d’actifs. C’est une façon efficace d’aborder les émergents en limitant la volatilité.

– Dans une période où les décisions économiques rationnelles peuvent être réduites à néant sur une simple déclaration d’un homme politique, n’est-il pas préférable d’avoir une gestion passive?

Au contraire. Si vous prenez des ETF, vous supportez la totalité du risque de marché. L’intérêt de la gestion active est de gérer votre risque de marché pour le réduire. Carmignac Patrimoine est en baisse d’environ 2% depuis le début de l’année. Essayez d’y arriver avec des ETF. La solution passe par l’optimisation du couple risque/rendement en utilisant les leviers des devises, des obligations et des actions. Avec ces leviers, vous pouvez acheter une action à fort potentiel libellée dans une monnaie faible et protéger la devise pour conserver la performance. Effectivement, beaucoup de mouvements financiers sont motivés par des décisions politiques. Si vous naviguez avec une gestion passive, vous ne dormez pas beaucoup la nuit et vous êtes emporté dans les profondeurs des indices. Carmignac Patrimoine peut encore finir l’année 2011 en hausse et il gagne en moyenne 9% par an depuis 20 ans! Une gestion active bien faite me paraît préférable à la gestion passive.

– Sur les marchés émergents, quand surviendra le changement de tendance?

– La baisse des taux d’intérêt va beaucoup aider. Mais il faut surtout que les mouvements de ces marchés ne soient plus motivés par la peur. A très court terme, en raison du risque systémique dans la zone euro, la classe d’actifs émergente va rester volatile. La sortie du risque systémique permettra de revenir à une approche économique. Comme on ne pourra pas éviter un fort ralentissement économique et une compression des marges dans les pays industrialisés, les capitaux iront rationnellement s’investir dans les émergents.

– Ne faut-il pas préférer un fonds émergent géré par des experts dans les différents pays émergents à un fonds géré depuis Paris?

– Notre modèle consiste à ne pas avoir 30’00 personnes réparties dans le monde, mais des gérants capables de se réunir chaque matin autour d’une table, à Paris. Chaque gérant profite alors de la contribution des autres gérants. C’est absolument essentiel. Dans un fonds émergent, vous allez trouver un producteur de cuivre, mais c’est peut-être le gérant en matières premières qui l’a découvert. De même, le gérant obligataire et le gérant en actions travaillent côte à côte. Sur chaque entreprise, ils peuvent comparer l’action et l’obligation. Supposons un resserrement de la réglementation bancaire en Corée, vous pourrez en déduire qu’il s’agit d’une mauvaise nouvelle pour les actions bancaires coréennes. En revanche, c’est peut-être une bonne nouvelle pour les obligations.

En plus, lorsque vous vous demandez s’il faut plus d’actions, d’obligations ou de couverture, la présence des gérants de chaque classe d’actif et de l’allocation globale permet seule une vraie gestion active. Si vous avez à l’inverse un expert à Hong­kong, un autre au Brésil et l’allocation à New York, ils auront de la peine à coordonner leurs réactions.

– Quelle est la stabilité de cette équipe de gestion?

– Effectivement, cette question est importante de même que de définir sa taille optimale. Nos gérants ont une forte expérience commune et constituent une équipe suffisamment resserrée pour pouvoir se réunir autour d’une table tous les matins, à 10 heures. C’est une des clés du succès. Nous avons recruté ces dernières années des gérants extérieurs qui ont découvert tout ce qu’apporte un vrai «Investment committee» à leur gestion.

– En 2012, quelle classe d’actifs devrait ressortir gagnante?

– La typologie de fonds qui nous semble la plus pertinente pour l’an prochain est à la fois très diversifiée et effectivement très fortement positionnée sur les émergents. Nous aurons une période assez rare où les actions pourront profiter d’une croissance économique bien meilleure qu’en Europe et les obligations d’une baisse de l’inflation, avec en parallèle des monnaies probablement plus fortes que l’euro. Nous avons créé ce fonds Carmignac Emerging Patrimoine, parce que les perspectives à trois ans nous paraissaient favorables. Peu d’investisseurs regardent les émergents de cette façon.

– Est-ce qu’il est préférable d’investir aujourd’hui dans les actions européennes fortement exposées aux émergents ou directement dans des sociétés locales émergentes?

– Il faut distinguer, selon les cas. Si vous achetez une société européenne parce qu’elle est fortement exposée aux émergents, cela peut être une bonne idée, mais il faut considérer le vrai levier des émergents. Beaucoup d’entreprises ont une part de leur chiffre d’affaires importante sur les émergents, mais une plus petite partie des bénéfices, parce que pour prendre des affaires dans ces régions, elles ont accepté des marges inférieures. Pour ces entreprises, l’activité dans les émergents est peu rentable. Un secteur qui est au contraire bien positionné est celui du luxe, qui profite de marges parfois plus élevées dans les émergents qu’en Europe, à l’image de Richemont et Hermès.

– On parle toujours du luxe actuellement. N’y a-t-il pas d’autres secteurs attractifs?

– Toute entreprise à marque forte qui saura éviter les compressions sur les marges. Vous l’avez aussi dans l’automobile. Comparer les comptes de Peugeot et Fiat à BMW et vous verrez que la croissance du résultat dans les émergents est très différente.



(Emmanuel Garessus - LeTemps.ch - 28/11/11)

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