L’inflation inquiète, la hausse des taux d’intérêt freine la croissance, alors que des affaires de corruption ont été révélées. Mais l’activité est soutenue chaque jour par des millions d’entrepreneurs.
Dans les économies émergentes d’Asie telles que l’Inde, la croissance se distingue par une évolution démographique favorable, une demande intérieure vigoureuse et un système bancaire sain. Néanmoins, on constate ces derniers mois l’apparition de plusieurs facteurs cycliques défavorables: l’inflation persistante et le resserrement des liquidités freinent les investissements et la croissance.
En période de volatilité des matières premières, l’Inde est exposée à la fois sur le front public et privé. Les caisses de l’Etat sont plombées par la hausse des subventions, alors que les ménages peinent face à l’augmentation des dépenses de base. Tandis que la fièvre inflationniste trouve son origine dans le renchérissement des denrées alimentaires et du pétrole, l’état médiocre de l’infrastructure et les coûts logistiques élevés aggravent le problème. De plus, l’inflation n’est pas seulement liée à l’offre. Elle se nourrit également de l’amélioration rapide du pouvoir d’achat de la classe moyenne. L’absence de ralentissement conjoncturel a généré des difficultés à recruter une main-d’œuvre bon marché, s’ajoutant ainsi aux pressions inflationnistes.
Consciente des risques de surchauffe menaçant la stabilité économique, la banque centrale indienne a finalement réorienté ses priorités, passant d’une politique pro-croissance à une politique anti-inflation. L’accélération du resserrement monétaire a considérablement accru le coût du financement pour les banques et les entreprises : ces dernières rationnent leurs investissements, la demande de crédit ralentit et, avec elle, l’activité économique.
Parallèlement, l’Inde voit ressurgir ses démons du passé sous forme de scandales liés à la corruption, d’un calendrier des réformes timide et d’un développement poussif des infrastructures. Dans la plus vaste démocratie du monde, la liberté de la presse s’est affirmée récemment en révélant plusieurs affaires de corruption et de carences gouvernementales flagrantes, notamment lors de l’octroi des licences télécoms ou à l’occasion des récents Jeux du Commonwealth.
En termes de réformes économiques, les observateurs semblent d’accord sur le fait que l’Inde est plus avancée que son voisin chinois. Le compte de capital s’ouvre peu à peu, conséquence des besoins considérables de financement des infrastructures. L’Inde possède également un système bancaire privé, le marché, et non l’Etat, fixant le prix de l’argent et l’allocation du capital. Le crédit peut ainsi être orienté vers les consommateurs et non vers les entreprises gouvernementales.
L’Inde s’est montrée défaillante en termes de dépenses infrastructurelles, limitant le rythme d’industrialisation du pays durant la dernière décennie. Aujourd’hui, des initiatives conjointes du secteur public et du secteur privé réalimentent l’optimisme. Malheureusement, la hausse des taux d’intérêt réduit les rendements tandis que les responsables de projet et la main-d’œuvre qualifiée font encore défaut. Les dépenses infrastructurelles annuelles représentent toutefois un montant de 80 milliards de dollars.
Concernant l’économie rurale, les améliorations se font déjà sentir mais leur évolution est encore aléatoire. Certes, d’une part, les réformes du travail aident à la progression des revenus : la diversification des cultures, les technologies utilisées et les prix minima fixés ont accru les rendements. Mais, d’autre part, la production reste limitée par les faibles investissements et des problèmes logistiques. La croissance du pouvoir d’achat des agriculteurs est néanmoins déjà remarquable avec des répercussions dans de nombreux secteurs, notamment la demande de véhicules, en plein essor dans les zones non urbaines.
Soutenues par un solide esprit d’entreprise, un marché libre d’une valeur de 460 milliards de dollars et un régime politique démocratique, les perspectives indiennes sont à l’échelle du pays : considérables. Malgré des carences dans l’infrastructure et une crise inflationniste, les fondamentaux sont solides et l’activité est soutenue quotidiennement par des millions d’entrepreneurs qui catalyseront la montée inexorable de l’Inde vers le leadership économique de la région.
(Vincent Lagger / gérant de fonds Equities Asia Swiss & Global Asset Management - leTemps - 05/09/11)
mardi 6 septembre 2011
L’investisseur peut privilégier l’Inde parmi les émergents
Publié par Sylvain
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire