En visite en Australie, Lou Jiwei, le patron de CIC (China Investment Corporation), le fonds souverain chinois doté à sa création en 2007 de 200 milliards de dollars de réserves, (159 milliards d'euros) a été accueilli avec les honneurs, Il s'est aussi fait poliment expliquer les nouvelles règles que Camberra instaure pour encadrer les investissements étrangers. Le CIC est en lice, au côté d'un gros sidérurgiste d'Hunan et du groupe britannique Anglo American, pour investir dans Fortescue Metals, le troisième exportateur de minerai de fer australien.
Dans le même temps, Rio Tinto, lourdement endetté, a accepté l'offre du géant chinois de l'aluminium, Chinalco de faire monter sa participation de 9 % à 18 % pour 19,5 milliards de dollars, soit le plus gros investissement chinois jamais réalisé à l'étranger.
Minmetals, un autre groupe chinois, propose 1,7 milliard de dollars pour reprendre OZ Minerals et éponger l'intégralité de ses dettes. Quant aux liquidateurs de Windimurra, une mine de vanadium en faillite dans l'ouest australien, ils affirment être en discussion avec un repreneur chinois.
Ces acquisitions, dont plusieurs attendent l'approbation du Trésor australien, font des remous à Camberra où l'on craint que les firmes chargées d'exploiter les ressources du pays passent aux mains de ceux qui en sont leurs principaux clients, c'est-à-dire les Chinois. Elles illustrent la position de force de Pékin depuis que les cours mondiaux, en se retournant, ont fragilisé les vendeurs au profit des acheteurs. Malgré le ralentissement de son économie, la Chine a des besoins dévorants en énergie et en matières premières : son plan de relance, l'équivalent de 13 % du produit intérieur brut chinois de 2008, promet un déluge d'investissements en infrastructures, notamment en chemins de fer, gros consommateurs d'acier.
Echaudés par leurs pertes dans les institutions financières américaines, les gestionnaires des réserves de change pourraient consacrer une partie des 1 950 milliards de dollars accumulés en 2008, pour des placements bien plus tangibles et nécessaires. La frénésie d'achats chinoise donne le tournis : après des années de discussion, Chine et Russie viennent de s'entendre sur l'exploitation du pétrole de Sibérie occidentale, la Chine accordant ainsi 25 milliards de dollars de prêt à Transneft et Rosneft pour la construction d'un pipeline et la fourniture de 15 millions de tonnes de pétrole par an.
Au Brésil aussi
Au Brésil, où Xi Jinping, le dauphin pressenti d'Hu Jintao, a signé jeudi avec le président Ignacio Lula da Silva des accords de coopération sur l'énergie et les minéraux, Petroleo Brasileiro négocie l'obtention de 10 milliards de dollars de financement de la China Development Bank, pour exploiter des réserves offshore récemment découvertes. Le remboursement de ces prêts se fera en nature. Petrobras s'est aussi engagé à fournir 5 % de sa production actuelle, aux deux pétroliers chinois Sinopec et CNPC.
Le 12 février, le directeur général de Total, Christophe de Margerie, déclarait que le fonds chinois entré au capital du groupe pétrolier français en 2008 a "légèrement augmenté sa participation" et est "plus que bienvenu" pour l'accroître. Celle-ci reste "faible en termes de pourcentage, inférieure à l'objectif de 3 % à 4 % que nous nous étions fixé" a ajouté M. Margerie. Le fonds en question n'est pas le CIC, mais la SAFE (State Administration of Foreign Exchange), l'administration rattachée au ministère des finances chinois qui gère directement les réserves en devises chinoises et procède à ses propres investissements à l'étranger, notamment en bons du Trésor américain.
Elle avait acquis 1,6 % de Total pour 1,8 milliard d'euros en avril 2008. Or, mercredi, son directeur adjoint, Fang Shangpu, donnait en Chine une rare conférence de presse pour faire le point sur l'état des placements chinois, notamment aux Etats-Unis. Il déclarait que les réserves de change doivent "apporter un soutien financier, et faciliter les investissements étrangers des firmes (chinoises) pour construire l'économie nationale". En début de semaine, des médias locaux indiquaient qu'un fonds doté de réserves de change, spécialisé dans l'énergie et les matières premières était à l'étude.
Les principaux acteurs chinois :
China Minmetals C'est le premier groupe de minerais chinois.
Jiangsu Shagang Le premier sidérurgiste privé du pays a investi en Australie fin 2008.
Groupe Shougang Le quatrième sidérurgiste chinois, basé à Pékin, a repris l'australien Mount Gibson Iron en novembre 2008.
Chinalco Le groupe public est un géant de l'aluminium.
Baosteel Le sixième producteur mondial d'acier, lui aussi public, est également en expansion.
Hunan Valin Steel Ce gros sidérurgiste du Hunan est intéressé par l'australien Fortescue Metals.
(Brice Pedroletti - Le Monde - 21/02/09)
lundi 23 février 2009
L'offensive mondiale de la Chine pour "sécuriser" ses matières premières
Publié par Sylvain
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