Les spécialistes des technologies vertes retrouvent les faveurs des investisseurs depuis Fukushima. Ce mouvement pourrait durer, assure Matthieu Giuliani, gérant du fonds Energies Renouvelables chez Banque Palatine. Pour limiter le risque sur ces valeurs particulièrement volatiles, il investit aussi sur des géants de l'énergie, comme General Electric ou GDF Suez.
Capital.fr : Le secteur des énergies renouvelables reprend des couleurs en Bourse depuis le début de l'année... tendance durable ou simple rebond technique ?
Matthieu Giuliani : Ce qui n'était au départ qu'un simple effet de rattrapage est en train de redevenir un thème à la mode. Depuis la catastrophe nucléaire japonaise de Fukushima, les investisseurs s'interrogent logiquement sur la pérennité de l'atome et s'aperçoivent qu'il faudra inévitablement trouver des sources d'énergie alternatives. Ces déboires du nucléaire devraient donc entraîner un rebond des investissements dans les technologies vertes et doper les valeurs liées à ce secteur en Bourse.
Capital.fr : Pourquoi l'énergie verte serait-elle privilégiée au gaz ou au charbon ?
Matthieu Giuliani : Les centrales à charbon rejettent beaucoup de dioxyde de carbone. Je ne crois donc pas à l'essor de cette énergie. Une utilisation intensive pourrait en effet entraîner une hausse des coûts des entreprises européennes, qui doivent acheter des droits à polluer lorsqu'elles émettent trop de CO2. Le gaz naturel est une autre solution, d'autant que les cours ont chuté de 60% en trois ans. Mais les fournisseurs sont basés principalement dans des pays politiquement instables, comme la Russie, lorsque les énergies renouvelables sont produites localement. De plus, les gouvernements devront investir dans les technologies propres s'ils veulent respecter leurs engagements. Les membres de l'Union européenne par exemple doivent faire passer à 20% la part des énergies renouvelables dans la production énergétique totale d'ici 2020.
Capital.fr : Les gouvernements sont-ils à même de tenir ces promesses dans un contexte d'austérité budgétaire ?
Matthieu Giuliani : De nombreux pays, à l'image de la France, ont en effet revu en baisse leurs subventions, mais nous avons probablement atteint le point bas sur ce plan. La montée en puissance des partis écologistes, à l'image du succès des Verts en Allemagne aux dernières élections régionales, pourrait aussi accélérer le mouvement. En outre, le secteur est de moins en moins dépendant des subventions. Et sa compétitivité augmente à mesure que les prix de l'énergie, et notamment ceux du pétrole, flambent. D'ailleurs, les entreprises se remettent à investir dans le domaine. BP a récemment alloué 2 milliards de dollars pour développer cette année son pôle d'énergies alternatives, l'allemand E.ON a débloqué 2,6 milliards d'euros pour les trois prochaines années, et EDF vient de lancer une offre de rachat sur sa filiale EDF Energies Nouvelles.
Capital.fr : Doit-on craindre un emballement excessif en Bourse ?
Matthieu Giuliani : Les valorisations n'ont plus rien à voir avec celles de 2007. Les actions liées aux énergies renouvelables s'échangent entre 0,5 et 1,5 fois le chiffre d'affaires, contre plus de 10 fois il y a quatre ans. Certes, elles restent légèrement plus chères que le reste du marché. Mais cette prime se justifie par de meilleures perspectives de croissance (entre 10 et 15% cette année).
Capital.fr : Comment réduisez-vous le risque sur ces valeurs particulièrement volatiles ?
Matthieu Giuliani : Nous investissons une part importante de notre portefeuille (actuellement 40%) dans des géants de l'énergie, dont seulement une partie du chiffre d'affaires dépend du renouvelable. C'est notamment le cas de GDF Suez, de l'espagnol Iberdrola ou encore de l'américain Général Electric. Du côté des "pure player", nous privilégions les spécialistes du solaire (17% de notre portefeuille). Leur productivité devrait continuer à s'améliorer et cette technologie pose moins de problèmes d'implantation que l'éolien. Nous nous permettons par ailleurs quelques paris spéculatifs, sur de très petites valeurs comme le français Environnement S.A, ou encore Facilasol, coté au marché libre.
(Thomas Le Bars - Capital.fr - 13/04/11)
samedi 16 avril 2011
"Les déboires du nucléaire vont doper les valeurs liées aux énergies renouvelables"
Publié par Sylvain
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