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lundi 23 mars 2009

Focus - le secteur bancaire d'Europe du Sud-est

Le secteur bancaire d’Europe du Sud-est sous les projecteurs...

Ces derniers mois, de nombreuses banques ont été le centre d’attention des investisseurs alors que de mauvaises nouvelles continuaient de se propager depuis les États-Unis vers la plupart des régions du monde.

Parmi les mauvaises nouvelles l’on comptait la faillite de Lehman Brothers l’an dernier, les craintes de retraits massifs des dépôts, l’exposition aux « actifs toxiques », un endettement élevé assorti d’une capitalisation insuffisante, le gel des marchés du crédit et la hausse des coûts de financement, des inquiétudes quant à la qualité des actifs, et finalement, la nationalisation de banques au détriment des actionnaires. Les banques d’Europe du Sud-est présentent peu des caractéristiques mentionnées ci-dessus. Il existe néanmoins d’autres facteurs spécifiques à la région ayant un impact négatif sur le secteur. En conséquence, de nombreuses banques dans la région ont subi de sérieuses corrections et se sont comportées comme les titres bancaires sur d’autres marchés.

Quelques inquiétudes
Le degré plutôt élevé de participations étrangères, qui rend les banques de la région dépendantes de leurs actionnaires stratégiques étrangers, est l’une des inquiétudes concernant les banques des Balkans. En Roumanie, les participations étrangères s’élevaient à 88 % à fin septembre 2008. Le ratio est encore plus élevé en Croatie, où il atteignait 90 %, tandis qu'en Serbie ce chiffre atteignait 75 % à la même époque. Par contre, les actifs bancaires slovènes et turcs sont toujours dans une large mesure aux mains d’acteurs locaux.

En outre les participations étrangères sont assez concentrées et se résument à quelques noms, comme la banque italienne UniCredito, les deux banques autrichiennes Erste et Raiffeisen International, la Société Générale et une poignée de banques grecques. Les banques étrangères ont fourni la majeure partie des fonds requis pour alimenter les taux de croissance des crédits relativement élevés de ces dernières années. Alors que certaines banques étrangères ont dû être refinancées par leur gouvernement respectif et que les fonds se font rares et coûteux même pour les banques mères, la poursuite du financement de leurs filiales d’Europe du Sud-est constitue l’une des principales sources d’inquiétude. Le financement en provenance des banques mères connaîtra sans doute un déclin mais nous pensons qu’une chute soudaine est peu probable.

Les prêts en devises étrangères
La proportion élevée de prêts en devises étrangères dans certains pays d’Europe du Sud-est, associée à la faiblesse des devises locales, constitue un autre sujet d’inquiétude. En Roumanie à fin 2008, 58 % des prêts totaux avaient été réalisés en devises étrangères (principalement l’euro), alors que ce ratio (dont les prêts liés aux marchés des changes) s’élevait à respectivement 65 % et 67 % en Croatie et en Serbie (en septembre 2008). Les prêts en devises étrangères sont moins répandus en Turquie, en raison des mesures prises après la crise financière de 2001, et ne constituaient que 29 % du total des prêts à la fin 2008.

La contraction de l’économie anticipée pour cette année dans la plupart des pays de la région, ajoutée aux prêts en devises étrangères, exercera une pression supplémentaire sur la qualité de l'encours des prêts des banques. En fait, les prêts non performants ont déjà augmenté, particulièrement à la fin 2008. Les prêts enregistrés en tant que "perte" ou "douteux" ont crû de 116 % en 2008 en Roumanie, portant le ratio de ces prêts par rapport à l'ensemble des prêts du secteur à 6,5 %, contre 4,0 % à la fin 2007. Les prêts non performants ont vu leur nombre augmenter également dans le reste de la région et ont forcé les banques à augmenter drastiquement leurs provisions à partir du dernier trimestre l’an dernier.

Tous ces développements impliquent-ils qu’il faut exclure tout investissement dans les titres bancaires d'Europe du Sud-est ? Nous pensons que les risques du secteur bancaire de la région sont relativement élevés et sommes donc prudents vis-à-vis de ce secteur. Il existe cependant des investissements attrayants à évaluer au cas par cas. En outre, certains facteurs différencient positivement les systèmes bancaires d’Europe du Sud-est de ceux des marchés développés.

Tout d’abord, aucune des banques des Balkans n’a fait faillite ou n'a dû être renflouée par son gouvernement et la probabilité que cela se produise est relativement faible. En outre, puisque les banques de la région ne sont pas exposées aux « actifs toxiques », elles n'ont enregistré aucune perte importante découlant de réductions de valeur d’actifs au second semestre 2008. Bien au contraire, 2008 a été l’année des bénéfices record pour certaines banques de la région, en dépit d’un environnement difficile au second semestre. De plus, ces banques ont fait l’objet d’acquisitions plutôt que d’acquérir elles-mêmes d’autres banques et n’ont donc pas beaucoup de goodwill dans leur bilan risquant de subir des dépréciations dans le futur, ce qui exercerait une pression supplémentaire sur leurs bénéfices. Enfin, la capitalisation des banques de la région est généralement plus élevée que dans les marchés développés.

Les banques turques
Bien que tous les facteurs ci-dessus soient caractéristiques de toute la région, nous préférons évaluer le secteur bancaire et les banques de chaque pays individuellement, plutôt que de les considérer en tant que groupe. Les banques turques sont ainsi, à notre avis, relativement mieux préparées aux conditions économiques difficiles actuelles. En général, elles ne dépendent pas de banques mères étrangères, ont peu de prêts en devises étrangères et leurs encours de dettes sont principalement financés par les dépôts. En outre, elles sont mieux capitalisées que les autres banques de la région, avec un ratio actif/capital de 18,0 % à fin 2008, comparé par exemple aux 12,3 % de la Roumanie ou aux 13,5 % de la Croatie. Par ailleurs, en comparaison à d’autres pays d’Europe du Sud-est, les prêts non performants, bien qu’en hausse, sont moins élevés en Turquie, où ils représentaient 3,5 % des prêts totaux à la fin 2008. Cela ne signifie cependant pas que les banques turques sont insensibles à la crise financière actuelle et nous pensons que les bénéfices du secteur seront en baisse cette année. De surcroît, nous sommes d’avis que la résistance relative du secteur bancaire turc est dans une large mesure intégrée dans le prix, ce qui n’offre pour la plupart des établissements qu’un gain potentiel limité puisque les banques turques se négocient actuellement avec une prime par rapport aux autres banques de la région ainsi que celles de beaucoup de marchés développés.

En conclusion, nous pensons que 2009 sera une année difficile pour les banques en général, y compris celles d'Europe du Sud-est. Les financements demeurent rares et relativement coûteux, le développement des encours de dettes sera plutôt faible voire inexistant et les prêts non performants continueront d’augmenter durant l’année. Il est donc plus crucial que jamais d’analyser individuellement les secteurs bancaires et les banques de chaque pays de la région. Nous n’évitons pas complètement le secteur bancaire, mais restons prudents et préférons investir uniquement dans quelques établissements choisis dans la région.

(site East Capital - 23/03/09)

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