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lundi 6 juin 2011

La Turquie, une puissance industrielle aux portes de l’Europe

Entre les perspectives ouvertes par les révolutions au Moyen-Orient et le développement d’un carrefour majeur pour le transport de l’énergie entre Europe et Asie centrale, la «success story» du pays se poursuit.

Stratégiquement située entre l’Europe et les marchés émergents du Moyen-Orient et de l’Asie, la Turquie a mis en place une politique volontariste de promotion de sa place économique, visant à attirer les investissements étrangers directs. Ayant su conjuguer croissance et démocratie, sa relative stabilité politique et économique en fait une locomotive régionale et lui permet de s’affirmer sur l’échiquier géopolitique régional.

Ces dernières années, la Turquie a connu des transformations politiques et économiques considérables et structurelles, qui ont donné lieu à une période de croissance sans précédent: quinzième économie mondiale en termes de PIB, elle pourrait devenir, d’ici à 2050, la neuvième puissance économique – dépassant ainsi l’Allemagne et le Japon. Depuis 2005, le PIB par habitant a franchi le seuil des 10 000 dollars, faisant du marché intérieur une composante de plus en plus importante pour la croissance économique du pays. Cette augmentation a également eu un impact sur la spécialisation industrielle : traditionnellement spécialisée dans des secteurs à forte intensité du travail (textile), les entreprises turques exportent désormais des biens de plus en plus sophistiqués. A titre d’exemple, la Turquie est le principal producteur de télévisions et de lecteurs DVD en Europe, ainsi que le cinquième producteur mondial de voitures – des marques comme Ford, Renault, Fiat et Toyota s’y sont implantées. En outre, elle est en train de devenir un carrefour majeur pour le transport de l’énergie entre l’Europe et les champs d’exploitation d’Asie centrale.

Une décennie de réformes structurelles a permis à l’économie turque de devenir plus résiliente face aux chocs externes. A titre d’exemple, le taux élevé de fonds propres des banques (20%) a permis à la Turquie de sortir relativement indemne de la récente crise financière et économique. Ensuite, si le taux d’inflation dépassait les 120% en 1994, il s’est stabilisé légèrement au-dessus de 8,9% en 2010 – la hausse des prix de 4% en mars 2011 représente le point le plus bas depuis quarante ans. La banque centrale turque, déterminée à éviter un renouvellement des cycles «boom-bust» que le pays a connus au début des années 1990, a ainsi pris la décision de baisser les taux au moment où la plupart des pays émergents faisaient l’inverse. Enfin, alors que la plupart des pays européens sont accablés par des niveaux de dette insoutenables, la Turquie se distingue par une dette faible et en constante diminution depuis 2002 (48% du PIB), ainsi que par un taux d’imposition aux entreprises attractif, à 20%.

Depuis le début du printemps arabe, des incertitudes planent toutefois sur la Turquie. En effet, le pays importe la totalité de sa consommation de pétrole – principalement de la Russie et de l’Iran, mais aussi de pays du Moyen-Orient – et si le renchérissement du prix du pétrole devait persister, l’économie turque pourrait être pénalisée. En cas d’interruption prolongée de la production de pétrole dans la région, les entreprises exportatrices turques subiraient inévitablement des hausses de coûts importantes, qui se répercuteraient négativement sur la croissance économique du pays.

Toutefois, les évolutions récentes devraient aussi constituer des sources d’opportunités pour le pays. La démocratisation des Etats du Moyen-Orient devrait conduire à une augmentation des dépenses en termes d’infrastructures – écoles, hôpitaux, logements – visant à une amélioration significative des conditions de vie des populations de la région. A titre d’exemple, l’Arabie saoudite s’est engagée à améliorer les conditions sociales de sa population et à construire des logements (le gouvernement a débloqué 36 milliards de dollars à ces fins). Les entreprises turques, déjà très actives dans le secteur de la construction au niveau régional, devraient donc bénéficier de cette évolution.

L’économie turque bénéficie donc d’un excellent potentiel de croissance à long terme. Pourtant, c’est encore l’un des marchés émergents les moins chers du monde, avec un niveau de valorisation des entreprises (ratio cours/bénéfice) de 10,5 en 2011 – plus attractif que la moyenne des pays émergents. Pour la plupart des investisseurs – tant institutionnels que privés, l’exposition à la Turquie demeure très limitée (3% d’exposition en moyenne à la Turquie dans les fonds sur les marchés émergents), le pays ayant été éclipsé jusqu’à présent par la popularité des «BRIC» (Brésil, Russie, Inde et Chine). Et pourtant, alors que la volatilité du marché actions connaît une baisse structurelle, les actions turques ont enregistré des performances parmi les meilleures d’Europe durant la dernière décennie. Ainsi, pour les investisseurs cherchant des opportunités de croissance en dehors des sentiers battus, la Turquie se distingue comme l’un des pays les plus attractifs.

Dans ce contexte favorable, les gérants actifs dotés d’une expertise locale disposent d’une marge de manœuvre importante pour générer de la performance. De nombreuses opportunités sont donc à portée de main, par exemple dans le secteur industriel – un des piliers de l’économie turque, ou dans les valeurs financières, qui offrent un potentiel de rendement intéressant dans un pays encore sous-bancarisé.

(Charles-Henri Kerkhove - LeTemps.ch - 06/06/11)

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