Pour illustrer ma pensée, voici un article de Didier le Menestrel de la Financière de l'Echiquier :
Les amateurs des Fables de La Fontaine(1) le savent, c’est rarement le plus « puissant » qui est châtié pour ses crimes mais bien au contraire le plus « misérable » qui finit par être sacrifié sur l’autel de l’intérêt commun… L’histoire se répète en 2008 et les petites valeurs sont les "baudets" d’une fable dont les animaux sont les différentes classes d’actifs victimes non plus de la peste, mais de la crise financière !
Les analystes financiers prennent ici le rôle du loup ! Ils parviennent par leur « harangue » à entraîner la foule des investisseurs vers une condamnation "à mort" très lourde face à une faute peu convaincante : les entreprises petites et moyennes que nous côtoyons tous les jours ont bien des difficultés à avouer un mal qu’elles ne ressentent pas.
Seule l’augmentation de la prime de risque (i.e. le jargon des analystes) justifie aujourd’hui que 50% des 190 valeurs composant l’indice CAC Mid & Small (indice français des petites et moyennes valeurs) aient perdu plus du quart de leur valeur depuis l’été dernier.
Faute d’arguments décisifs, les bons vieux adages ressortent pour appuyer le mouvement (« il n’y a pas de fumée sans feu », « vous allez voir ce que vous allez voir ») et, plus doctement, les commentaires avisés se multiplient pour valider "intelligemment" un phénomène qui se rapproche davantage du comportement moutonnier que de l’intelligence tactique. Toujours cette volonté des intervenants (analystes, journalistes, stratégistes, allocataires d’actifs…) de normaliser et d’encadrer le comportement boursier des petites valeurs sur longue période…
Comme nous n’avons cessé de l’écrire depuis quelques années(2), ce type d’analyse globale n’a pas beaucoup de sens prospectif. Les petites valeurs en Bourse sont surtout affaire de passionnés et d’investisseurs "au long cours" qui y trouvent :
- Une liberté de choix exceptionnelle ! Avec plus de 2 400 valeurs en Europe continentale (sociétés dont la capitalisation boursière est comprise entre 40 M€ et 2 Md€), le champ des possibles est immense.
- L’opportunité de découvrir des futures stars. L’année de sa création, en 1983, le Second Marché a accueilli 28 sociétés françaises dont ZODIAC (30 M€) et SODEXO (76 M€) qui sont devenues de belles "grandes valeurs" aujourd’hui (SODEXO pèse maintenant près de 6 000 M€).
- La chance de rencontrer des managers d’exception, souvent actionnaires, capables de pousser les murs de leur entreprise. Gilles MARTIN, président d’EUROFINS, a introduit sa société en Bourse en 1997 alors qu’elle réalisait moins de 10 M€ de chiffre d’affaires et employait 90 salariés. Dix ans plus tard son groupe réalise 500 M€ de chiffre d’affaires et emploie 4 900 personnes…
- La lisibilité d’un métier et de ses chiffres. Souvent mono métiers et présentes sur des niches que l’on peut bien appréhender, les valeurs moyennes permettent de respecter un principe d’investissement simple : acheter ce que l’on comprend bien !
- Des parcours exceptionnels. Les 10 meilleures progressions sur dix ans des sociétés du SBF 250 ne sont que des sociétés qui capitalisaient moins de 2 Md€ il y a dix ans. La palme du SBF 250 revient à BENETEAU qui a vu son cours de Bourse multiplié par 14 sur cette période. Celui d’EUROFINS l’a été par 40 depuis son introduction en Bourse !
La baisse brutale du cours des "small caps" ne peut être aujourd’hui qu’une source d’opportunités et de performances futures ! Certains managers qui ne s’y trompent pas, achètent ou font acheter par leur société leurs propres titres à l’image d’HAULOTTE (4% de son capital), INTER PARFUMS, LINEDATA ou SOPRA. Autre signe encourageant, les opérations financières sur les "small & mid caps" sont de retour et sont le fait d’industriels qui offrent des primes significatives sur les derniers cours cotés : CORPORATE EXPRESS +33%, GENESYS +45%.
Rappelons-nous qu’en Bourse il y a très peu de décideurs et beaucoup de suiveurs. Jean de La Fontaine le savait, lui qui écrivait déjà en 1665(3) : « Je le répète, et dis, vaille que vaille, le monde n'est que franche moutonnaille. » Les décideurs achètent des petites valeurs aujourd’hui !
(1) « Les Animaux malades de la peste ».
(2) Lettres du 03/09/99, 01/01/02, 02/05/03.
(3) « L’Abbesse malade ».
samedi 29 mars 2008
Les petites valeurs
Publié par Sylvain
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